Arme Laïque
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Pour un Conseil des États Laïques

Peut-être que ce qui nous touche en ce moment appelle une nouvelle réflexion sur un conseil de Sécurité et les États Laïques. Les récentes attaques, commises par des individus entrainés et financés par des groupes extrémistes terroristes semblent commander une remise en question de nos structures communes. Peut-être est-il temps de réviser nos filiations et considérer la création d’un club d’états dont la première condition est la laïcité.

De la nécessité d’un Conseil de sécurité d’États Laïques

Les victimes de cette attaque dépassent largement le cercle de ceux qui furent exécutés par les terroristes. On peut affirmer sans crainte de se tromper qu’au nombre des assiégés par la peur, on compte l’ensemble des citoyens pour qui une communauté doit être constitutionnellement laïque. Une communauté dont la définition et l’encadrement du vivre ensemble est établi librement par une majorité d’individu aux droits égaux. Des droits qui sont énoncés dans une ou des chartes, non contradictoires, mises de l’avant par ces nations, honorés par le droit criminel et civil de celles-ci, respectées des citoyens et du pouvoir d’état élu librement par les peuples. C’est ce très vaste ensemble qui est en droit de se déclarer attaqué par ces gestes terroristes.

Traiter distinctement les besoins de sécurité des individus et d’affirmation des valeurs civiles

Il m’apparait important ici de bien distinguer le besoin que nous avons de vivre en sécurité, confiant que nos valeurs communes, notre système politique, nos lois et notre organisation civile sont suffisants pour nous permettre une existence à l’abri d’un certain nombre d’événements et de gestes qui portent atteinte à ce bien-être et bien-vivre, individuellement, mais aussi ensemble.

C’est là pour moi quelque chose qui doit être distingué du besoin que nous avons ou non, selon les individus et leurs opinions, d’affirmer devant et aux autres états ces valeurs sociales, civiles, et de gestion de l’état. En clair, si nous ressentons tous le besoin de vivre dans un climat sécuritaire, tous ne ressentent pas le besoin d’être contagieux à l’étranger, chez toutes les nations, pour que l’ensemble du monde se mette à notre heure.

Ces distinctions se manifestent clairement au moment de choisir d’intervenir dans des conflits extraterritoriaux, dans le politique autant qu’au sein de la société civile. Un consensus dans les valeurs et les règles du vivre ensemble qui en découlent ne veut pas nécessairement dire que les motivations que nous avons à les défendre sont les mêmes, et encore moins les moyens à utiliser pour y parvenir.

En décembre, en une seule journée au Pakistan, près de 150 enfants et éducateurs ont trouvé la mort et aucune manifestation équivalente d’indignation à celle que nous voyons actuellement ne s’est présentée le mois dernier. Notre ailleurs a la peau bien plus dure que notre ici, c’est connu.

Je crois qu’il peut être envisageable d’aller au-delà des discours fleuves aux Nations Unies. Ils ne servent souvent qu’à réaffirmer ce qui ne trouve pas sa suite dans l’action des pays qui les prononcent, discours souvent faits en l’absence des pays chez qui ils devraient trouver résonance, et dont le l’indifférence diplomatique fait loi. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies n’est pas davantage composé majoritairement d’états laïques ou pouvant même prétendre à le devenir. Aussi, je crois que cette instance n’est plus l’enceinte pour poursuivre la réflexion sur la lutte au terrorisme et encore moins donc le cercle de pouvoir pouvant prétendre à agir conjointement pour assurer notre sécurité en tant qu’individu.

Il est simple de trouver un consensus sur le besoin d’assurer la sécurité intérieure, la difficulté demeure dans l’obtention d’accords quant aux renseignements, mais aussi à propos des moyens à envisager pour les obtenir, la circulation de ceux-ci dans un échange réciproque, la porosité des frontières et la gestion globale de l’immigration. Les conflits existants au sein des forces policières et militaires d’une même nation en disent long sur les défis à relever pour en arriver à une concertation administrative puis exécutive de ces mêmes pouvoirs au sein d’un conseil de sécurité composé d’états laïques.

Se souvenir que nous ne sommes pas si tant laïques!

On le sait au Québec, le prix à payer pour discuter seulement des principes d’une laïcité ouverte nous a semblé élevé. Et je dis bien « a semblé ». Nous somme peut-être particulièrement chatouilleux quant à ce que nous sommes prêts à vivre comme démission, changement de familles politiques, échanges et débats, manifestations et grogne en général.

Or nous sommes encore en retard sur la laïcité de notre état et de ce qu’elle est prêt à faire pour définir sa laïcité. C’est dans ce manque de vision d’un gouvernement et de courage de son peuple que souvent, les événements viennent prendre de l’avance pour dicter les urgences de réfléchir, parce que la poussière ne demande qu’à se poser, ou trouver des agitateurs pour faire tousser.

Porosité des frontières oui, mais aussi porosité des politiques d’immigration et des moyens de communications

Les quatre défis à la mouvance terroriste demeurent la porosité des frontières, lire ici la facilité de passer, légalement ou non, en territoire étranger, mais aussi la porosité dans les politiques d’immigration, dans leur application par les fonctionnaires, dans les besoins démographiques des sociétés qui appellent à des flux migratoires plus ou moins structurés pour permettre aux différents organes d’un état de s’adapter et de permettre à ses immigrants de s’adapter. La mondialisation, promue économiquement au statut de Salut des sociétés civilisées, en plus des moyens technologiques modernes qui la réalisent dans les échanges entre les société et leurs individus sont tous facteurs de porosité.

Ces frontières géographiques oui, mais aussi les frontières sociologiques, comme le mentionne Stéphane Berthomet, qui se sont dessinées au gré des choix des migrants, du politique et de la société civile, créant ces ghettos que Cabrel pointait avec une candeur non moins tragique dans Saïd et Mohamed.

Une chose est certaine, si la situation s’est lentement créée pour maintenant s’imposer, il est plus que nécessaire de penser « out of the box » parce que, comme le disait si bien Mario Dumont (dont la pensée n’est pas si loin du problème), ce n’est pas en refaisant davantage de ce qui ne marche pas qu’on y arrivera. Je citerai plutôt Einstein :

La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. 

Et je veux pas voir un con me dire que c’est à Charlie Hebdo que je devrais apporter cette citation!

Bidouilleux techno depuis l’âge où ses frères lui donnaient juste ce qu’il faut de chocs électriques avec des kits Radio-Shack trafiqués, il s’adonne à la programmation dès l’âge de 9 ans. Humaniste, bouddhiste et geek non pratiquant, religieux du logiciel libre et du télétravail, allergique aux paravents, il a le drôle d’idéal de faire tout ce qu’il peut gratuitement, ce qui occasionnera une certaine forme de pauvreté, mais pas du tout en curiosité. Sa phrase préférée : « Ça doit pouvoir se faire ! » On doit souvent lui indiquer où ne pas aller sur un serveur et lui rappeler ce qu’il fait de mieux, lire des magazines, des bouquins de philosophie, de géopolitique et de vieux classiques.

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