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Mystère Québec : C’est la faute à Babine

Chaque fois que j’entends les mots «Le mystère Québec» pour tenter de comprendre les fractures politiques entre la métropole, les régions et la Capitale Nationale, ça me sonne un peu aux oreilles comme lorsque Fred Pellerin raconte que «C’est la faute à Babine!» Faites un peu le test pour voir, montée de l’ADQ au Québec? «C’est la faute à Babine!» Référendum en 1995 et paroles de Landry pour pas paraphraser les grossièretés de Monsieur sur le vote ethnique? «C’est la faute à Babine!» Maintien des acquis des conservateurs au Québec au dernier scrutin fédéral? «C’est la faute à Babine!» Cette campagne actuelle et ce qui pourrait maintenir l’ADQ avec une certaine force en chambre? «Ce sera la faute à Babine!»

Et si c’était la faute du mépris! Tiens je parlais avec un(e) candidat(e) gentil(le) de Québec Solidaire. Ça ressemblait à ceci, au début de la conversation:

–  Z’habitez où? de me dire le personnage avec ou sans (e)…

–  J’habite Québec…

–  Mes sympathies de me répondre ce(tte) gentil(lle) candidat(e).

J’étais un peu comme Québec quand j’étais tout petit. J’hésite à pas dire un Babine dans ma petite ville de banlieue (faut quand même pas exagérer son état). Chez-moi quand un truc était perdu, allait mal, brisait, disparaissait, c’était la faute du petit dernier. «C’est la faute à Babine!» Ça finit par vous créer des comportements, je vous jure. Parmi ceux-là, il y a l’attente sourde, silencieuse (ce qui est pas pareil du tout je vous jure), l’attente donc du moment où vous pourrez donner cette gracieuse jambette aussi inattendue qu’efficace, mettre de la poussière dans le gaz, démontrer une forme d’existence et la crier dans le dernier repli laissé par toutes les phrases du genre: «C’est la faute à Babine!», «Mes sympathies!», «Québec, aouch!»… Le mépris n’enlève jamais vraiment la voix à celui sur lequel on le fait peser, il ne fait que créer des moments de plus en plus imprévisibles où elle viendra nous crier haut et fort ce qu’on a tenté de lui faire taire.

Dans un scrutin ça s’appelle l’urne. C’est là que la voix s’exprime. En dehors des élections, comme on le fait pour Babine, on ne cherche plus trop à comprendre. Prenez la coalition fédérale pour exemple, vous avez entendu beaucoup de gens, vous, s’attarder à la fracture possible avec Québec qui a majoritairement élu des conservateurs? Bah non! On fait comme pour Babine, comme dans les vieilles familles québécoises du temps, on aime bien frapper sur notre Babine à nous mais quand même, on va pas se mettre à le faire si on a une cible en dehors de la famille. À moins que pire encore, on ait tout juste oublié.

Il n’y a pas de mystère Québec, il y a un échec de certains partis à ne pas montrer leur préjugés, à mettre l’humilité nécessaire à comprendre «what does Quebec want…» Et c’est pas du tout de sympathies dont il est question.

Bidouilleux techno depuis l’âge où ses frères lui donnaient juste ce qu’il faut de chocs électriques avec des kits Radio-Shack trafiqués, il s’adonne à la programmation dès l’âge de 9 ans. Humaniste, bouddhiste et geek non pratiquant, religieux du logiciel libre et du télétravail, allergique aux paravents, il a le drôle d’idéal de faire tout ce qu’il peut gratuitement, ce qui occasionnera une certaine forme de pauvreté, mais pas du tout en curiosité. Sa phrase préférée : « Ça doit pouvoir se faire ! » On doit souvent lui indiquer où ne pas aller sur un serveur et lui rappeler ce qu’il fait de mieux, lire des magazines, des bouquins de philosophie, de géopolitique et de vieux classiques.

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